Plaidoyer contre les primaires ouvertes

Hollande, grand vainqueur des primaires de 2011 ne peut, institutionnellement, être candidat à une primaire à gauche que je ne souhaite pas pour la vie du pluralisme

Ceux qui me connaissent savent que je suis un fervant démocrate.Cependant, et contre ce qui se brocarde dans les médias, je suis convaincu que les primaires ouvertes/citoyennes sont totalement anti-démocratiques.

Primaires = programmes et personnalités creuses

Si je ne peux que constater le succès de la primaire du PS/ PRG qui a conduit l'éléction de François Hollande comme candidat du PS en 2012, cette primaire portait en elle les futurs èrements de la présidence socialiste. En effet, pour gagner une élection, primaire comme présidentielle, il faut rassembler, apparaitre modéré et à l'écoute, au dessus de la mêlée. Mr Hollande, en 2011, était le candidat le plus habile pour jouer de ces qualités face à des Aubry et Montebourg trop catalogués à gauche et un Valls, inconnu à l'époque, trop à droite. Hollande s'est révélé être le parfait erzatz de DSK, modéré, centriste dans l'âme, démocrate au sens politique du terme.

Les futurs primaires de la droite et du centre ont le même défaut. Actuellement c'est Mr Juppé qui a la faveur des sondages. Comment ? Grâce à un positiennement à l'opposé de Sarkozy : fédérateur, modéré, papi gateau pas trop libéral, pas trop social, pas trop sécuritaire... Comme Hollande en son temps.

Mais, allez vous me dire, en quoi est-ce un problème. C'est très simple, les positions modérées, de rassemblements, ne riment à rien. Elles se vident de toute idéologie en saupoudrant des chêvres sur des choux (quitte à ce que les premières mangent les seconds) pour s'attirer les faveurs d'un maximum de sympathisants de son camps. Les mélanges contre nature de ce type amènent à des programmes vides de sens, d'idéologie, de vision pour des programmes visant doublement à plaire à tout le monde.

Alors oui, toutes les présidentielles sont le lieu de ce type de programmes depuis toujours, mais les primaires amènent, en plus d'un programme creux, une personnalité creuse ou plutot, une personnalité consensuelle maitre dans l'art du jeu politicien plus que dans celui de diriger et de trancher dans le vif. Hollande en 2011 ou NKM pour la mairie de Paris en sont de parfaits exemples. Des gens creux, usant de la politique politicienne et des combines programatiques plus que du sens de la décision pour arriver à leurs fins.

Primaires = premier tour.

Voilà le coeur de ce que je voulais aborder. A mon sens les primaires sont un formidable outil de charcutage du multipartisme et du pluralisme dans une élection. Ces conquètes d'appareils centralisent l'opinion et les médias sur une ou deux formation(s), seules logistiquement, financièrement et humainement capables d'organiser ce type de scrutin partisants n'appelant aux urnes (payantes en plus) que les électeurs proches de son bord, plutot que tous les français qui peuvent le faire gratuitement au premier tour d'une élection.

Et les autres alors ? les FdG, Centristes, Souverainistes, Trotskystes, tout ceux dont les opinions ne trouvent pas dans les 2 grands partis de gouvernement ? Les voilà contraints de regarder "l'UMPS" occuper encore d'avantage l'espace public et de voir la sphère médiatique oublier totalement l'existance même d'autres opinions.

Quelles solutions alors reste t-il ? Soit se taire et se laisser marginaliser, soit entrer dans ce jeu des primaires en sachant très bien que la défaite et au bout, du fait d'un positionnement trop tranché pour plaire à tous, et la chance de se voir intégrer au projet du futur candidat nulle (Demandez à Arnaud Montebourg ce qu'il en pense...). Ne reste plus qu'alors à regarder ces candidats creux et consensuels s'échanger des politesses modérées et centristes dans le fond et tomber dans l'oubli.

Dans le système actuel, bien qu'imparfait, de nombreuses tendances peuvent s'exprimer et se présenter pour faire vivre la démocratie et tenter de représenter un maximum d'opinions présentes dans le peuple français. J'en veux pour preuve que l'élection présidentielle est la seule dont la participation ne s'éffrite pas ou peu depuis 40 ans.

Part belle au consensuel et mort programmée des tendances minoritaires, voilà le résultat des primaires de parti. Ce système amènerait, dans l'exemple d'une primaire pour un candidat de la gauche pour 2017, à l'expression d'une seule tendance à l'élection suprème, tendance probablement proche de la ligne gouvernementale à quelques inflexions près. En cas de participation les écologistes acteraient leur mort, les radicaux perdraient un peu plus en visibilité, et les sympatisants de gauche radicale perdraient tout représentant à leurs valeurs. On se retrouverait alors avec 2 ou 3 formations trustant la campagne, toutes les autres ayant été absorbées par ces montres, là où le système actuel permet même au plus petit des candidats d'avoir de l'exposition et de présenter ses idées aux Français, faisant vivre le pluralisme de pensées, pierre angulaire de la démocratie.

C'est aux structures et à leurs militants (partis, syndicats, associations) de désigner leur candidat pour s'assurer d'avoir comme représentant celui qui incarne le mieux la ligne politique et idéologique de cette structure et qui est ainsi à même de la défendre, comme le fut Sarkozy en son temps (et semble encore l'être si on en croit les sondages auprès des MILITANTS LR, pas des sympatisants de droite).

Pour ne pas voir notre système s'américaniser autour de 2 ou 3 formations et tuer dans l'oeuf toutes les autres. Pour évitez qu'elles remplacent le premier tour, joute loyale et plus égalitaire, de toutes les tendances politiques: refusez ces primaires !

Che de Fermont.