L'imposture du front républicain

Tous unis contre le FN ? Oui mais pas n'importe comment

A quelques jours des éléctions régionales le spectre d'une victoire frontiste dans plusieurs régions hantent bien des esprits de gauche et de droite modérée. Face à cette menace certains d'entre eux, Manuel Valls en tête, appellent à des fusions de liste entre les 2 tours ou à des retraits en faveur du mieux placé. C'est sans comprendre que ces appels ne font que renforcer le parti frontiste et décrédibiliser la classe politique, voici pourquoi.

La raison est relativement simple: ce front fait le jeu de FN et de plusieurs manières. Tout d'abord il "confirme" cet argument qu'il matraque depuis longtemps tenant en 4 lettres "UMPS" à savoir que tous les partis de gouvernements disent plus où moins la même chose et que cela ne changera rien de voter pour l'un ou l'autre. On pourrait répondre à cet argument qu'il existe d'autres formations (à tout hasard les partis écologistes ou du front de gauche ou même les camarades d’extrême gauche) mais les médias ont tellement tendance à les oublier, bravo le pluralisme soit dit en passant, que ce contre argument ne serait que peu efficace. Bref le front républicain ne fait que renforcer cet argument qu'on pourrait formuler ainsi: classe politique française = FN + Les autres.

Cette marginalisation du FN qu'induit le front républicain renforce également son positionnement de "seul parti anti-système" contre toute la caste restante. Cela lui permet de continuer de se présenter comme la seule vraie alternative de pouvoir face à une classe politique et médiatique (même si cette dernière fait son jeu pour le sacro-saint audimat) qui le marginalise de facto. Bref ces alliances que je juge contre-natures ne font qu'alimenter son discourt de victime face aux autres partis.

Dernier argument, parler de front républicain permet de mettre sous le tapis celui qui est le premier parti de France sans pour autant être présent dans les sondages: l'abstention. Il s'agit d'une solution de facilité que de plaider à une union contre nature plutôt que de travailler à ramener vers les urnes les citoyens désabusés.

Enfin, je conclurai ce papier par un point de vue personnel. Je ne veux pas voter pour une liste d'union droite gauche ou pour une liste (ou un candidat) de droite soutenu par la gauche pour la bonne et simple raison que je partage pas les valeurs et les idées de ce candidat. Je refuse que mon vote m'associe de fait aux politiques menées dans l'avenir par cette liste/ ce candidat de front républicain. Si je vote, je vote pour des valeurs, des programmes, des idées, une vision de la société et du monde que je refuse de brader. Je suis le premier à être prêt à discuter, débattre et échanger avec mes "adversaires" politiques, pour enrichir mon spectre d'idées et ma vue du monde, mais je ne les soutiens pas pour autant.

Che de Fermont

P.S: Pour celles et ceux qui m'opposeraient qu'en refusant le front républicain nous risquons de nous retrouver comme la république de Weimar en 1933 je répondrais ceci: le FN n'est pas le parti nazi c'est une erreur que de penser et brocarder ça car c'est le meilleurs moyen de braquer ses électeurs et de les conforter dans leur rejet de la classe politique qui se permet de leur donner des leçon en plus de les mépriser. De plus la "victoire" nazie en 1933 est d'avantage due au soutient des partis de droite traditionnelle (ou au mieux à leur passivité) au premier cabinet d'Hitler. L'incapacité de l'union de la gauche allemande est aussi à pointer: ainsi, les dissensions profondes entre communistes, héritiers des spartakistes révolutionnaires des années 20, et sociaux-démocrates qui à cette même époque étaient alliés du gouvernement.