Le retour du suffrage censitaire

Moi quand on me dit que les primaires c'est un truc démocratique

Eclipsant de facto le premier tour des élections car réduisant le nombre potentiel de candidat représentant tout et rien à un seul qui ne froisse personne sans plaire à qui que ce soit, les primaires ouvertes, où du moins se le prétendant, sont une injure à la démocratie dans les faits, là où elles se prétendent être une émanation du peuple et de la démocratie.

Car oui, désigner un candidat par le biais d'une primaire est le procédé le plus anti démocratique qui soit. Comme je l'écrivais tantot ici, le principe des primaires se targue de sortir du cadre des partis pour au final ne donner la parole qu'a une minorité de citoyens des villes qui votent pour le plus consensuel, le mieux placé par voix de sondages, des candidats (soit généralement le plus médiocre ou le plus creux, comme NKM ou Hollande dans de récents exemples, où Juppé actuellement qui faire course en tête car il est le plus consensuel des candidats, ratissant du centre gauche aux bordures du sarkozysme, et non le plus représentatif de l'électeur de droite).

Outre le fait que ces primaires ne font que renforcer la dictature des sondages qu'est devenu notre système électoral (on en reparlera plus tard), on faisant voter les gens pour le candidat "le mieux placé" pour battre l'autre camp plutot que pour celui qui nous représente idéologiquement le mieux, elles confient encore plus le pouvoir à une élite oligarque citadine.

De bien gros mots que j'emplois ici... Pourtant elles rétablissent bien ce qui se nommait jadis le suffrage censitaire. Qu'est-ce-dont que cette diablerie ? C'est très simple, c'est un système électoral où seul les personnes pouvant payer le cens, soit une somme d'argent rondelette, sont de potentiels électeurs ou candidats. Quel rapport avec les primaires me direz vous ? Et bien c'est très simple: déjà il faut payer pour y participer, une somme simbolique certe (un ou deux euros à ce que je sais) mais payer quand même. De plus, ces primaires ne s'adressent, au final, pas à tout le monde. Croyez vous que Pierrick, petit producteur de fromage de chèvre du plateau du larzac, ou Jessica, étudiante jonglant entre ses études et un emploi précaire pour les financer, ou encore Emma, mère célibataire de 3 enfants vivant dans un HLM de banlieue, vont sérieusement participer à ces primaires ? Evidemment que non... C'est plutot Jean-Charles et Louise, couple de cadres vivant au centre de Lyon, qui vont se déplacer pour choisir le candidat modéré qui leur convient le mieux.

Mes exemples sont volontairement caricaturaux, pourtant ils reflètent parfaitement les études sociologiques faites suites à la primaire PS de 2011, ce sont les électeurs des grandes villes, vivant au centre, intégrés à la société et diplomés, qui vont participer à ce scrutin. Pire encore, les bureaux de votes sont placés sur le territoire en fonction des résultats électoraux (de toute la droite et du centre pour celle de droite par ex) ce qui exclu, dans cet exemple, de facto les citoyens de droite vivant dans un milieu de gauche.

Or comme je l'ai déjà dis, ces primaires eclipsent totalement le débat, aussi houleux qu'il puisse être, qui s'instale au premier tour de l'élection présidentielle, la seule à réunir 80% et plus des inscrits sur les listes. Le seul moment où des petites formations se confrontent aux grosses, les obligeants à se justifier, à s'engager, à prendre position. Bref à débattre et à faire vivre la démocratie qui n'est autre que l'art de se foutre dessus dans les règles pour faire avancer le schmilblik, et non celui de mettre tout le monde d'accord (ça, ça s'appelle une dictature).

Et oui, les primaires, outre le fait de confier le choix du candidat unique de gauche ou de droite, à une minorité là où un premier tour de présidentielle le confie à 80% des inscrits, amènent à choisir le candidat le mieux placé et non celui qui nous représente.

Che de Fermont