Regardons l'avenir sans oublier le passé

La France et les français regardent toujours, nostalgiques, leur passé. Et si, sans oublier d'en tirer les leçons, nous regardions un peu plus vers l'avenir pour nous construire un horizon commun ?

Plus je regarde la France plus je comprend l'origine d'une partie de ses maux : un passéïsme et une nostalgie omnipotente et permanante.

En bon professeur je vais partir du cas particulier pour ensuite dézoomer. Je suis originaire d'une région anciennement très industrielle par la sidérurgie. Or, comme nos amis de Florange peuvent en témoigner, il ne reste plus grand chose de ce passé industriel dans ma Lorraine natale, si ce n'est quelques batiments tombant en désuétude et malgré tout quelques usines subissant les assauts de la "crise".

A l'époque de la "sidé" tout le monde avait un emploi, la région était dynamique économiquement (bien que TRES poluée...), les carrières étaient toutes tracées et n'importe quel jeune non qualifié pouvait trouver une petite place dans une aciérie ou un haut-fourneau. Mais voilà les temps ont changé, aujourd'hui c'est le voisin Luxembourgeois qui maintien le territoire sous perfusion, amenant de l'emploi et évitant l'implosion sociale.

Mon but ici n'est pas de me faire le chantre de cette période mais plutot de critiquer l'attitude des élus locaux et des acteurs du territoire face à ces faits. Tous regardent derrière en glissant, à qui veut l'entendre, que "c'était mieux avant" sans, durant ces 30 dernières années, chercher à faire quoique ce soit de nouveau pour redonner une identité à un territoire, il est vrai, sinistré.

Il faut leur accorder que le départ de ces industries (allié à une mauvaise gestion) ont rendu la situation financière complexe dans la région si bien qu'il est aujourd'hui très compliqué d'envisager un projet de reconversion. Cependant celà fait 30 ans au moins que celà dure, que ce regard nostalgique vers l'arrière refuse de se tourner vers l'avant pour tenter de reconvertir ce territoire. A la place le seul horizon offert aux habitants est "d'aller au Lux" (Luxembourg NDLR) chercher un emploi peu qualifié, ou dans une banque au service des financiers qui ont fait fermer les usines de l'autre temps, qui sera toujours mieux payé qu'en France et aller ensuite dépenser sa paye dans les trop nombreuses zones commerciales qui ont fini d'achever les centres villes. Le passé est là, omniprésent, telle une chape de plomb indestructible qui empêche ma terre d'origine de se tourner vers l'avenir, qui empêche ses habitants de se retrouver dans un projet commun de territoire autre que celui de batir un énième centre commercial.

Cas particulier me direz vous, mais la France en général est dans la même mentalité. Nous regardons sans cesse la puissance mondiale coloniale que nous avons été pour mieux nous déprécier continuellement. Nous nous contentons de nous ranger derrière la logique atlantiste et la ligne étasunienne de direction du monde. Nous suivons en bons soldats les bureaucrates européens. Nous nous contentons de laisser nos représentants gérer le quotidien, en bons experts comptables sans visions, sans jamais se demander "mais quel avenir pour nos enfants?"...

Nos responsables politiques, sous entendu ceux ayant le pouvoir depuis 35 ans, n'ont fait que gérer et suivre une dynamique libérale et atlantiste dont la planète voit aujourd'hui les limites néfastes qu'elle nous a fait atteindre. La France de 2016 a été dessinée par les grands projets des années 70, en bien comme en mal (le tout nucléaire par exemple mais aussi le TGV, Airbus, EADS, notre excellent réseau d'infrastructures routières et férovières). Mais lorsque je vois la France de 2016 je ne vois pas quelles sont les pierres posées pour batir celle de 2050. Que voulons nous pour notre pays ? Personne ne semble se poser la question et les rares qui le font sont taxé de rêveurs ou de fous. Car oui, lorsque je lis les avants-projets des candidats à la futur présidentielle (à une exception notable, à l'heure où j'écris ces lignes, de JLM) je ne vois pas d'horizon autre que "préparez vous à toujours plus perdre votre vie à la gagner". Est-ce vraiment ça un projet de société ? Est-ce vraiment ça un projet pour une grande puissance ?

Che de Fermont

P.S: Suivra cet article un autre plus optimiste sur les horizons et les raisons objectives d'arrêter notre auto-flagélation et de ranger le french bashing au placard. Car, je ne sais pas pour vous, personnellement j'en ai marre de m'entendre dire que mon pays, ma région, ma ville sont bons à jetter...