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Le temps d'y penser

Le monde est plus complexe qu'il n'y paraît... Venez prendre "Le TEMPS d'y PENSER" !

Un pays ingouvernable ?

Freiner le débat parlementaire ? Mais sait on vraiment débattre dans nos institutions ?

Freiner le débat parlementaire ? Mais sait on vraiment débattre dans nos institutions ?

Après une longue absence due à une contribution toute personnelle à l'inversion de la courbe du chômage, me revoilà afin de réagir sur l'utilisation du 49.3 par le gouvernement Valls, tout en faisant un parallèle avec les volontés de république parlementaire d'une partie de la gauche (à l'opposé de notre régime présidentiel actuel). Il ne s'agira pas dans ces lignes de juger la loi Travail ou tous les textes adoptés par ce biais et encore moins tout ce qui tourne autour (nuit debout, fracturation du PS, opposition stérile de la droite ect ect). Seul le principe de l'utilisation du 49.3 sera étudié, c'est en soit un biais dans ma réflexion je le concède, mais pour faire une pensée globale il faut essayer de ne pas trop se rattacher à un cas particulier.

Je sais que je vais être à contre courant de la majorité de mes camarades d'idées sur ce sujet mais après tout peut être que vous trouverez des arguments pour contrer mon propos et me montrer pourquoi un régime parlementaire serait possible en France car pour l'instant je ne crois pas que cela soit réalisable. L'histoire me donne par ailleurs de solides raisons pour montrer que notre pays n'est pas tellement intégré dans cette culture parlementaire.

J'ai en effet entendu moulte critiques contre Valls et sa clique lors du choix d'utiliser le fameux 49.3 pour faire passer la loi travail. J'ai ainsi entendu parler de déni de démocratie, acte de dictature et autres formules peu glorieuses. Mais avant de tomber dans ce schéma, il convient de se demander pourquoi le 49.3 a été utilisé. La raison est toute simple, aucuns compromis n'a été trouvé pour cette loi. Dans son élaboration chaque concession à un camp (droite patronat/ gauche du gouvernement ect ect) a été vu par l'autre comme une trahison et une bonne raison de couper toute discussion et de tout rejeter en bloc alors que certaines aspirations libérales du textes sont en parfait accord avec les positions de nombre de parlementaires de centre droit.

En effet notre pays est très attaché dans son fonctionnement (avec les avantages et inconvénients que cela implique) au clivage partisan. Ainsi si la "gauche'' - enfin telle que définie arbitrairement depuis toujours pour parler du jeu politique en France - prend une disposition de droite cette dernière ne la votera pas juste pour ne pas donner crédit au camp d'en face. Si c'est l'inverse qui se produit, la même réaction s'en suivra.

Ainsi envisager en France de grandes coalitions parlementaires, sans fond ni forme idéologique, à l'image de celle qui gouverne l'Allemagne est impensable, personnellement j'en suis content mais ce sera l'objet d'un prochain article. De plus quand on regarde en arrière, le bilan des régimes parlementaires en France est peu reluisant. Citons les III et IVe république pour exemple: la IIIe a chuté avec la France en juin 40 dans les bottes d'un vieux maréchal dictateur d'opérette après que la chambre issue du Front Populaire lui ait confié les pleins pouvoirs. Front populaire qui était, je le rappelle, issu de l'alliance entre Radicaux-socialistes, socialistes et communistes et fut totalement plombé par son aile droite radicale qui fit tout pour faire capoter l'alliance du peuple dans un esprit munichois qui conduisit à la défaite contre l'Allemagne nazie. De même la IVe république, plus de 30 gouvernements en 12 ans et 3 législatures, et ses jeux d'alliances mortifères pour l'intérêt général et la résolution d'une grave crise politique (la guerre d'Algérie) qui en appela à un vieux général qui amena le culte du chef au coeur d'institutions "démocratiques" que nous connaissons encore pour le meilleurs et pour le pire. Dernier exemple, les gouvernements Rocard entre 88 et 91 qui n'avaient pas de majorité législative et ont donc du passer par ce moyen pour faire passer les réformes du président Mitterand car personne n'était capable de trouver un compromis parlementaire pour faire passer ces lois de façon classique.

Hollande, pourtant, est dans la perpétuelle recherche de la synthèse, la fameuse synthèse sociale démocrate ! Ménager la chèvre et le choux, le bâton et la carotte pour contenter tout le monde et arriver à compromis acceptable et accepté par tous plutôt que de trancher dans le vif pour contenter une frange de la société et braquer une autre, ce qui lui vaut d'ailleurs le sobriquet de flambi ou de mou. Sauf qu'en l'absence d'une culture du compromis et en présence d'une culture de l'affrontement cela donne une frustration généralisée et l'impression de la part de l'ensemble de la société qu'elle s'est faite floozer. Après avoir fait la synthèse des socialistes en 2011-2012, qui a très bien marchée, il a échoué à faire la synthèse de la France pour avancer dans sa vision sociale démocrate de la vie politique. Mais qui est le fautif ? Hollande qui n'a pas su, présenter, expliquer et mettre en place sa vision ? Ou nos institutions qui ne prêtent pas à toute expérimentation de ce genre ? Probablement les deux...

Bref, tout ça pour dire que compte tenu du climat actuel et de l'histoire, je vois mal comment un régime parlementaire pourrait solutionner nos problèmes. Il va de soit que notre Ve république vieillie de plus en plus mal et qu'une refonte de nos institutions est nécessaire, mais pour tendre vers quel modèle ? J'avoue ne pas avoir de réponses toute faite sur le sujet car tiraillé entre mes idéaux démocrates et la vision du présent et du passé... Comment instaurer une république parlementaire qui implique l'apprentissage d'une culture du compromis et à des alliances pouvant paraître contre nature alors que pour des textes comme les lois Macron ou El Khomri, qui ne resteront pas dans l'histoire sur le fond, aucuns compromis n'arrive à se dégager ? Si vous avez des réponses ou des ajouts à mon constat, je suis tout ouï pour y penser !

Che de Fermont

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